Paris, le 26/07/2024

Le 21 juillet dernier, c'est Lilie Printemps (FR-44) et son spectacle "Lilie du Bout des Lèvres" qui se sont vu attribuer le Trophée Prospectacles du Meilleur Tribute Barbara. Retour sur la postérité scénique de la Grande Dame au Piano Noir.

Barbara, de son vrai nom Monique Andrée Serf, est née à Paris le 9 juin 1930, dans une famille juive d'origine russe. Dès son plus jeune âge, sa vie fut marquée par des drames et des errances qui influenceront profondément son œuvre artistique. Pendant l'Occupation, Barbara et sa famille durent fuir Paris pour se réfugier en province, une période qui inspirera plus tard sa chanson "Mon enfance". À son retour à Paris, elle poursuit des études de piano et de chant, mais son esprit rebelle la pousse à se lancer en solo, influencée par des icônes telles qu'Édith Piaf.

Barbara commence sa carrière au cabaret La Fontaine des Quatre-Saisons en 1949, mais c'est en Belgique qu'elle adopte le pseudonyme de Barbara Brodsky. Bien que le succès tarde à venir, elle développe un répertoire unique qui fusionne le music-hall et le cabaret rive gauche. De retour à Paris, elle se produit au cabaret L'Écluse où elle enrichit son répertoire avec des chansons de Brassens, Ferré et Brel. Sa réputation de "patronne" exigeante et perfectionniste se forge alors.

C'est à trente ans que Barbara trouve véritablement sa voix en tant qu'auteure-compositrice, se démarquant de la mode "yé-yé" des années 1960 avec des chansons intimes et poétiques comme "Dis, quand reviendras-tu ?", "Nantes", et "Le Mal de vivre". Ces chansons, empreintes de mélancolie et de passion, révèlent une femme complexe, à la fois fragile et énergique, dont les textes touchent profondément ses auditeurs.

La carrière de Barbara atteint son apogée avec des concerts dans des grandes salles comme Bobino et l'Olympia. En 1964, malgré ses réticences initiales, elle se rend en Allemagne et écrit "Göttingen", une chanson prônant la réconciliation franco-allemande qui deviendra emblématique. Elle continue de recevoir des distinctions, comme le grand prix du disque de l'Académie Charles-Cros en 1965.

En 1973, Barbara s'installe à Précy-sur-Marne, une maison qu'elle ne quittera plus. Elle continue à écrire des chansons marquantes et apparaît régulièrement dans des émissions de télévision comme "Le Grand Echiquier". Cependant, les années 1980 sont marquées par des difficultés personnelles et professionnelles, notamment la détérioration de sa voix. Malgré cela, elle reste une figure incontournable de la scène musicale, s'engageant notamment pour les victimes du sida, à qui elle dédie la chanson "Sid'amour à mort" en 1993.

Son dernier tour de chant en 1993-1994 est marqué par des problèmes de santé. Son ultime album, "Barbara" (1996), réunit des collaborations avec Richard Galliano, Guillaume Depardieu et Jean-Louis Aubert, mais sonne comme un adieu. Barbara meurt le 24 novembre 1997, laissant derrière elle des mémoires inachevées, publiées sous le titre "Il était un piano noir... Mémoires interrompus" en 1998.

L'héritage de Barbara est immense. Depuis sa disparition, elle est célébrée à travers des films, des livres, des expositions, des spectacles et des concerts. En 2017, à l'occasion des vingt ans de sa mort, de nombreuses célébrations ont eu lieu. Gallimard a réédité "Barbara, claire de nuit" de Jérôme Garcin, tandis qu'Alain Vircondelet a publié "Chez Barbara. La dame brune". Juliette Binoche et Alexandre Tharaud ont monté le spectacle "Vaille que vivre", et Tharaud a réalisé un album de reprises avec divers artistes. Mathieu Amalric a réalisé le film "Barbara", avec Jeanne Balibar dans le rôle-titre. La Philharmonie de Paris a présenté une grande exposition en son honneur.

Gérard Depardieu a également rendu hommage à Barbara avec un récital intitulé "Depardieu chante Barbara", accompagné par Gérard Daguerre, son pianiste de longue date. Le spectacle, alternant chansons et textes, a été joué au théâtre des Bouffes du Nord et au cirque d'Hiver en 2017.

Barbara a laissé une marque indélébile sur la chanson française. Ses mélodies et ses textes, empreints de poésie et d'émotion, continuent d'inspirer des générations d'artistes et de toucher profondément le public. Elle a transformé la chanson en une forme d'art qui capte l'essence des émotions humaines, faisant d'elle une figure éternelle de la musique française. 

Ainsi en va-t'il du récital intimiste piano-voix proposé par Lilie Printemps au chant et Michel Duvet au clavier, intitulé "Lilie Du Bout Des Lèvres" et qui vient de se voir attribuer le Trophée Prospectacles du Meilleur Tribute Barbara. Sans imitation excessive, le duo rend un hommage vibrant à la Grande Dame au Piano Noir, disparue en 1997, et qui garde une place si importante dans le cœur des français. 

Une petite cantate, Dis, quand reviendras-tu ?, Nantes, Göttingen, La Dame brune, L’Aigle noir, Marienbad ou encore Ma plus belle histoire d’amour, le duo interpréte les plus grands succès de Barbara.

En savoir plus : https://spectaclebarbara.wixsite.com/barbara

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