Onorientour : la nouvelle scène culturelle arabe en images et en son

ONORIENT est un webzine qui se spécialise dans la culture urbaine arabe, il s’adresse à un lectorat jeune et avide de découvrir de nouvelles choses sur la scène culturelle arabe, ses événements, ses talents et ses actualités. ONORIENT est donc un support web qui a pour but de mettre en relief la culture d’aujourd’hui et la façon avec laquelle la jeunesse arabe la perçoit, et ce à travers un support connecté, toujours mis à jour et en constante évolution : www.onorient.com

(capture d'écran)

Tandis que Mehdi Drissi s'apprête à fêter le nouvel an berbère à Alger, où il a décidé de rester quelque temps après son périple Onorientour, Hajar Chokairi et Oumayma Ajarrai sont de retour à Paris. Elles nous donnent rendez-vous dans un café de la rue Saint-André-des-Arts. En plein quartier étudiant. Après plus de quatre mois d'itinérance à travers le monde arabe, la réadaptation au rythme de la capitale n'est pas évidente. Après une année de césure consacrée à leur projet de journalisme culturel dans le monde arabe, les deux jeunes femmes doivent terminer leurs études à HEC Paris. Et « penser à la suite de notre aventure, que nous tenons à pérenniser », dit Hajar à peine attablée.

Un répertoire de talents arabes

Même le mieux préparé des voyages réserve des surprises. Ainsi, sur les quatre aventuriers que devait compter Onorientour, trois seulement ont pris la route, Ghita Chilla étant restée en France afin de coordonner le travail de ses amis. Et surtout, la durée et l'étendue géographique du projet ont dû être revues à la baisse. Plus serré que prévu, le budget des trois voyageurs ne leur a pas permis de pousser jusqu'aux Émirats arabes unis et au Qatar. « Nous aurions beaucoup aimé confronter nos préjugés à la réalité de ces pays, pouvoir mesurer s'ils sont aussi déconnectés qu'on le dit des autres pays arabes en matière culturelle. Mais nous n'abandonnons pas l'idée. Si l'expérience Onorientour venait à se réitérer, ces pays seraient parmi nos priorités », affirme Oumayma qui nous a rejoints.


Moseqar est un producteur de musiques électroniques du Caire. © Mehdi Drissi

Avant de songer à reprendre la route, Hajar, Oumayma et Mehdi doivent finaliser le travail considérable mené entre août et décembre 2015. D'abord, il leur faut terminer de mettre en ligne leurs derniers articles, sur la partie libanaise et jordanienne de leur « rihla »[1] moderne. Leur plateforme Onorientour.fr atteindra ainsi la centaine d'entrées, portraits d'artistes, présentation de lieux culturels et notes de voyage confondus. À ce jour, Hajar et Oumayma ont encore du mal à mesurer l'impact de leur aventure. À part la moyenne de 500 vues par jours sur Onorientour.fr, avec des pics à 1 200 vues environ, elles sont encore en phase d'analyse. Et, dit Hajar, de « transformation de toute la matière récoltée en un objet et un discours susceptibles d'intéresser un lectorat occidental ». À partir des films de leurs entretiens et des workshops qu'elle a organisés, l'équipe compte réaliser un documentaire de 52 minutes autour de l'arabité, fil rouge de leur circuit.

L'arabité toujours en questions

Quelques minutes d'échange avec Hajar – rencontrée en août dernier, peu avant son départ – suffisent pour constater l'évolution de son discours. En quatre mois, les deux Marocaines et leur compagnon franco-algérien ont acquis une connaissance remarquable des scènes artistiques du monde arabe. Ce qui ne les empêche pas de se poser encore bien des questions. Sur cette notion d'arabité, entre autres. « L'idée d'identité arabe questionne beaucoup les artistes, dans tous les pays que nous avons visités. Mais il y a presque autant de définitions de cette notion que d'artistes et de citoyens. Avec des traits dominants dans chaque pays. Au Maroc par exemple, les participants à notre workshop associaient pour beaucoup l'arabité à l'islam. En Algérie, l'importance des communautés kabyle et berbère en donne une vision très éclatée. Comme en Égypte, du fait entre autres de la défaite du nassérisme et de la forte présence copte », observe Hajar.


Dans une rue du Caire pour Onorientour. © Mehdi Drissi

Si les voyageurs ont dû faire leur deuil d'une définition, leur intuition d'un sentiment d'appartenance à une culture supranationale dans le monde arabe a été confirmée. En attendant de pouvoir affiner sa réflexion, Hajar parle du « partage d'un même type d'humour, d'une approche similaire de la communauté ». Pourtant, Onorientour a confirmé une autre impression dont Hajar nous faisait part avant de prendre l'avion pour le Maroc : la rareté des liens entre les artistes des différents pays du monde arabe, et leur désir d'entrer en contact. En raison de leurs origines, et parce que plusieurs artistes rencontrés ont abordé le sujet avec force, les trois jeunes gens ont surtout été touchés par l'absence de communication entre le Maroc et l'Algérie. « Ça fend le cœur. Dans ces deux pays, on parle la même langue, et on se rappelle du temps où les frontières étaient ouvertes », dit Hajar. D'où l'intérêt du site Onorientour, qui peut servir de répertoire d'artistes aux professionnels du secteur désireux de créer des liens entre les pays.

Des paysages culturels contrastés

D'un article à l'autre, des pratiques artistiques se dessinent. Des tendances. Des libertés et des entraves. Bien sûr, Onorientour.fr n'a rien d'exhaustif. « Ce n'est que le début d'une cartographie que nous allons poursuivre sur notre site Onorient, par notre documentaire, un projet d'exposition itinérante des photos prises par Mehdi. Et sans doute par d'autres biais qu'il nous faut inventer. » Reste qu'on remarque déjà une assez nette différence entre les pays ayant connu une révolution et les autres. En Tunisie et en Égypte, la scène hip-hop et les arts de la rue sortis de l'ombre en 2011 continuent de s'exprimer. Selon Oumayma, « c'est en train de devenir plus habituel, plus mainstream en quelque sorte, même si, en Égypte – en Tunisie, les limites à la liberté d'expression sont plus complexes –, de nombreux artistes continuent de se faire arrêter pour avoir osé critiquer le régime ». Si elle et Hajar attribuent en partie la richesse de la scène artistique égyptienne actuelle aux Printemps arabes, elles tiennent à rappeler que « l'Égypte a toujours été un pays de culture ». Contrairement à la Tunisie.


Ici, un artiste tangerois installé devant son atelier d'art. © Mehdi Drissi

Cette histoire n'est sans doute pas sans rapport avec la fascination qu'a exercée l'Égypte sur les trois globe-trotters. Mais, paradoxalement, Oumayma voit aussi dans la violence politique et urbaine actuelle « la source d'une grande créativité ». « La manière dont la création surgit malgré les interdits est incroyable. L'art y est tout en sensibilité, en intelligence. » Tel que le décrivent Hajar et Oumayma, le Liban est un peu le contraire de l'Égypte. Un pays où l'art peut tout dire. Tout dénoncer. C'est de loin le pays arabe où le milieu de l'art contemporain est le mieux structuré, « avec des curateurs à l'anglo-saxonne et un mécénat très développé ». « Des pays que nous avons visités, c'est celui où s'est réalisée la meilleure synthèse entre culture orientale et occidentale ». Sur leur voyage passé et sur ceux à venir, Hajar, Oumayma et Mehdi auraient encore bien des choses à raconter. À montrer et à interroger. Bien des rencontres et des analyses à faire partager. Nous les quittons là, impatients de la suite de cette belle initiative.

Source : Le Point

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